Avec une reconnaissance tardive dans son pays natal la France, nous rendons hommage aujourd'hui au pionnier des plus grands chefs d'oeuvres du répertoire classique, Marius Petipa.
Né en 1818 dans une famille d'artistes, il commence la danse classique à l'âge de 5 ans dans le ballet de Pierre Gardel "La Dansomanie", sur la scène de La Monnaie à Bruxelles.
Il quitte la Belgique en 1835 pour Bordeaux, puis chorégraphie ses premières œuvres à Nantes, sous la direction du maitre de ballet Étienne-Hughes Laurençon, de septembre 1839 à avril 1842.
Après avoir parcouru l'Amérique du Nord avec ses ballets, Petipa revient à Bordeaux, puis il travaille au Teatro del Circo de Madrid de 1844 à 1846.
Engagé l'année suivante comme premier danseur au Ballet impérial russe, il y devient maître de ballet en 1869, travaillant aux théâtres du Ballet impérial jusqu'à sa retraite en 1904.
Il enseigne également à l'école de danse, qu'il dirige de 1855 à 1887.
Bon danseur, il est cependant meilleur chorégraphe et signe une soixantaine de ballets, dont plusieurs font date dans l'histoire de la danse. Il reprend les célèbres œuvres du répertoire comme "La Fille mal gardée", "La Sylphide", "Paquita", "Coppélia" ou encore "Giselle". Mais il va surtout créer des ballets qui vont entrer dans le répertoire classique des grandes institutions comme "La Belle au bois dormant", "Casse-noisette", "Le Lac des Cygnes" avec Tchaïkovski, "Le Corsaire" et "Faust" avec Cesare Pugni, et surtout "Don Quichotte" et "La Bayadère" avec Léon Minkus.
Il développe l'art de l'intrigue romantique, en concevant des ballets en trois ou quatre actes, qui occupent une soirée entière et ne sont plus seulement des divertissements entre deux pièces de théâtre. Il alterne la pantomime et le grand ballet autour d'une distribution nombreuse, où le corps de ballet et les figurants mettent en valeur des solistes brillants. Il fixe le déroulement des « pas de deux » et, s'il porte davantage d'attention à la prima ballerina, il oblige les deux partenaires à un travail conjoint très précis et empreint de virtuosité.
L’arrivée de Vladimir Telyakovsky à la tête du Théâtre impérial en 1901 sonne le glas de l’ère Petipa. Décidé à se débarrasser du vieux maître, Telyakovsky annule brutalement la première de "La Romance du bouton de rose et du papillon", prévue début 1904. Fortement marqué par cet affront, Petipa prend sa retraite et rédige ses Mémoires.
Il s’éteint le 2 juin 1910 en Crimée, laissant une soixantaine de ballets ainsi que les danses d’une trentaine d’opéras.
S'inspirant tantôt des anciens ballets d'action, tantôt de scènes à caractère traditionnel, il aura su donner au ballet romantique toute son ampleur et sa vigueur, à tel point que son œuvre constitue encore aujourd'hui la base du répertoire des grandes compagnies classiques et que de nombreuses variations extraites de ses ballets sont toujours au programme des grands concours de danse.
Malgré l’immense renommée dont jouit Marius Petipa dans toute l’Europe et la vénération dont il fait l’objet en Russie, il faut attendre 1960 pour que l’Opéra de Paris présente son premier ballet intégral d’après Petipa.
L’action de Rudolph Noureev a été décisive pour faire connaître l’oeuvre de Petipa en France. S’insurgeant devant l’oubli du maître dans sa patrie natale: « Vous, en France, n’avez même pas conservé Petipa au répertoire ! » s’exclame-t-il dans une interview donnée à France Soir en 1969.
Il se donne pour mission de transmettre les oeuvres de Petipa, dont il a interprété tous les grands rôles au Kirov. Il produit ainsi six grands ballets d’après Marius Petipa pour l’Opéra de Paris qui voient à nouveau le jour dans une version qui réduit la part de la pantomime et développe les rôles masculins.
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